Pitoyable ? PitoyableS !

Publié le par CPPN

 

Michelle Alliot-Marie(MAM) a déclaré le 4 janvier dernier que l’engagement de Roland Dumas (et accessoirement de Jacques Vergès) aux côtés de Laurent Gbagbo était « pitoyable ». Un certain nombre d’éditorialistes ont abondé dans le sens de la ministre. Ce fut notamment le cas de l’éditorialiste social-démocrate de France Inter, Thomas Legrand, dans l’émission « Comme on nous parle » du 7 janvier. Il ne fut pas le seul à applaudir les propos de la ministre, sans rien y trouver à redire. Il est, en effet, pitoyable de s’associer à des dictateurs ou des gens qui truquent les élections. C’est pour rompre avec ces anciennes pratiques que le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy déclarait fièrement : « Nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus ». Nicolas Sarkozy avait ainsi déclaré dans sa campagne de 2007 : « je ne veux être le complice d’aucune dictature à travers le monde ». C’est dire si au gouvernement, les dictatures on n’aime pas ça et il est donc logique que MAM s’oppose avec force aux Français qui dérogeraient à cette ligne de conduite.

MAM qui a été ministre de Jacques Chirac

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Chirac avec Mobutu

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Chirac avec Omar Bongo

Avant d’être ministre de Nicolas Sarkozy.

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Sarkozy avec Ali Bongo

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Sarkozy avec Sassou N’Guesso

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Sarkozy avec Idriss Déby

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Sarkozy avec Kadhafi

Bien sur, tout dépend de ce qu’on qualifie de dictateur ou de régime corrompu. Quand en 1999, pour l’aider à prendre la tête du RPR, elle confie sa campagne interne au duo Jean-François Probst - François Blanchard, MAM ne confie pas sa communication à un duo qui s’est illustré, comme le laissent entendre les mauvaises langues, dans les campagnes de réélections douteuses de dictateurs dans les pays africains francophones. Quand ils ont aidé à la « réélection » d’Henri Konan Bédié en Côte d’Ivoire, de Sassou N’Guesso au Congo ou d’Ange Félix Patassé au Centrafrique, ils n’ont pas pensé à mal. Ils voyaient dans ces hommes des démocrates un peu rudes mais avec un bon fond. Des démocrates bourrus en quelque sorte.

De même, son compagnon, Patrick Ollier, qui a aidé à l’implantation d’Elf au Nigéria sous la dictature militaire de Sani Abacha, n’a agi ainsi que parce qu’il avait la conviction que la démocratie se développe mieux quand un dictateur n’est pas complètement isolé diplomatiquement. Abacha ne trouvait plus grand monde à qui parler après avoir ordonné la pendaison de l’écrivain Ken Saro Wiwa en 1995 et cela avait tendance à braquer le dirigeant. Heureusement, Elf est arrivé pour qu’il se détende et ne fasse pas d’autres bêtises.

Quand, dans les années 70, MAM a co-rédigé la constitution de la République islamique des Comores qui consacrait le pouvoir d’une dictature militaire installée par la France avec le concours actif du célèbre Bob Denard, c’est sans doute à elle que l’on doit les articles les plus démocratiques. Ce faisant, elle faisait également grandement avancer la condition féminine puisque, à ce jour, elle est la seule femme à avoir participé à la rédaction d’une constitution d’un régime islamique. C’est probablement pour cela qu’elle a été décorée commandeur de l'Étoile d'Anjouan des Comores. C’est sans nul doute pour des raisons analogues que le regretté Omar Bongo l’avait décoré de l'Étoile équatoriale du Gabon.

A différentes époques, MAM a donc su s’entourer de personnes qui, contrairement au pitoyable Roland Dumas, ont œuvré pour la démocratie en Afrique en évitant à des dictateurs de céder à leurs mauvais penchants ou en permettant à de rugueux démocrates, certes un brin taquin avec leurs opposants, de poursuivre leur œuvre réformatrice en Afrique.

C’est sans doute guidé par ce bel idéal que le 12 janvier, MAM a annoncé que la France allait soutenir le droit des Tunisiens et des Algériens à manifester en y envoyant des policiers français, ce qui est sans doute la meilleure façon de promouvoir le droit de manifester.

Bref, résumons-nous :

-         Gbagbo s’est auto déclaré président et donc c’est un dictateur, contrairement à Ouattara (et peu importe que Ouattara ait reçu des scores soviétiques dans le Nord contrôlé par les rebelles, qu’il ait fait emprisonner ses opposants, dont Laurent Gbagbo, quand il était Premier ministre d’Houphouët-Boigny en 1992 ou qu’il soit un grand ami de Sassou N’Guesso : c’est un démocrate, point final),

-         Quand Roland Dumas décide de soutenir Gbagbo, son attitude est pitoyable (était-il également pitoyable quand, président du conseil constitutionnel, il validait les comptes de campagne d’Edouard Balladur, candidat soutenu par MAM,  malgré les nombreux et troublants dons en liquides – d’un montant d’ 1,56 million d'euros - et contre l’avis des rapporteurs des comptes ?),

-         Le meilleur moyen de soutenir la démocratie en Tunisie est d’y envoyer des policier travailler en partenariat avec la police tunisienne.

C’est pourtant facile la démocratie en Afrique.

Dans un article du 13 janvier, Acrimed nous apprend que Vincent Bolloré a participé à la campagne de Gbagbo et que sa presse rompt avec l’unanimisme de la presse française concernant le président ivoirien autoproclamé. Gageons que l’industriel, ami de Nicolas Sarkozy, sera prochainement vertement tancé par notre ministre des Affaires étrangères, comme l’a été Roland Dumas.

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A
<br /> Tu tiens en tout cas une belle illustration de synthèse avec cette photo où Sarko fait les poches de Deby...<br /> <br /> <br />
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